Edit par Seunam Gyamtso : Ce sujet à été divisé à partir de celui ci : la-vacuite-contredit-le-principe-de-reincarnation-t1432.html
Seunam,
tu écris
"Des chrétiens, musulmans et d'autres traditions croient en un Dieu (distinct de sa création) et existant séparément"
Je crois que toutes les traditions gagneraient à étudier les autres... Et tous auraient de grandes surprises!!!
Le précédent Kalou rinpoché a déclaré:
"L'ensemble des enseignements des traditions spirituelles sont bénis par la compréhension de la nature de l'esprit"
Partant de là, et ce n'est pas rien, il me semble très très judicieux d'essayer de lire les textes chrétiens avec un regard bouddhiste. Et là.... Oh surprise!!!!!
Tout est excellent et en harmonie parfaite avec le saint Dharma!! Quoi de plus normal si l'ultime est perçu par chaque contemplatif de chaque tradition???
C'est un vaste et profond sujet qui demande des précautions mais aussi de l'audace. Mais notre époque a besoin de vérité… Il est temps que toutes les traditions parlent de l’essentiel et différencie la vérité ultime des vérités pédagogiques.
Ce qu’il y a d’excellent dans le dharma et dans les textes bibliques aussi ! c’est qu’ils unissent vérités ultimes et vérités pédagogiques.
Tu avances que les chrétiens conçoivent un Dieu créateur distinct de sa création. Dans le bouddhisme ne parle t on pas parfois du Bouddha ultime ce Roi qui Fait tout ???
Je crois que les bouddhistes font preuve de beaucoup de prétention ! C’est, à mon avis, le signe qu’ils n’ont pas étudié les autres traditions avec discernement. Le postulat que les traditions théistes sont dans l’erreur empêche de voir qu’elles sont aussi dans le vrai.
Pour illustrer cela juste un exemple, je ne voudrais pas être trop long aujourd’hui mais laisser la place à un écho de dialogue :
Lorsque nous sommes dans l’illusion nous percevons le monde comme solide, existant en soi etc… Au cœur de cette expérience se trouve l’individu qui se pense existant, de chair et d’os etc… C’est un plan de conscience où la matière crée la matière etc… C’est un plan de conscience « généré » par l’illusion, un plan de conscience depuis le mode illusionné. En termes bouddhistes nous pourrions dire un mode de perception dès la naissance (de l’égo). Et si cette naissance de l’égo était le pêché capital ? Alors le monde et la façon d’être au monde sont celui du pêcheur qui se coupe de la réalité ultime.
En revanche si nous passons sur « l’autre rive » toute apparence, l’ensemble des apparences, le monde deviennent le « filet magique », le Grand Corps Illusoire, le Sambhogakaya… création magique… de ce Roi qui Fait Tout : l’esprit !
Quelle est la source de ces « rayonnements » ? Indicible, inexprimable et introuvable…
Il est dit que nous sommes (avec la manifestation) dans le bagha de Kuntouzangmo. C’est une bien belle façon d’exprimer la nature du Réel qui me semble infiniment proche de celle qui dit que le Créateur et la création sont disctincts…
Mais il ne faudrait pas oublier que, dans la tradition chrétienne, la trinité constitue UNE PERSONNE ! Trine et une
Les bouddhistes auraient fort à gagner à marquer un temps de recul et de discernement avant de tirer un trait sur les trésors des textes et commentaires chrétiens, musulmans, juifs… Pour ma part ces lectures ont scellé et accru de nombreuses expériences… Mais j’étais parti de ce postulat de Kalou rinpoché:
"L'ensemble des enseignements des traditions spirituelles sont bénis par la compréhension de la nature de l'esprit"
Maître Eckart a beaucoup écrit sur l’UNION à Dieu… Beaucoup de textes de Saint Thérèse d’Avilla, Saint Benoit etc… sont de fabuleux gourou yoga, de fabuleuses louanges… qui permettent de sceller et d’accroître la contemplation de la nature de l’esprit.
Maître Eckart s’est fait censuré pour des raisons qui ne sont pas d’ordre à remettre en cause ses vues (il s’est fait réhabiliter) mais parce qu’il venait déstabiliser une « didactique bien en place » au saint de l’église.
Maintenant si nous comparons l’expérience (illusionnée) du monde matériel et l’expérience du subtile Sambhogakaya nous sommes face à deux perceptions de nature différentes : les « objets perçus » sont de natures (perçues) différentes, bien que la perception relative participe de l’ultime. Lors d’une messe de minuit en 2001, j’ai entendu une superbe phrase d’un abbé cistercien qui parlait des deux natures (osons écouter cela en entendant « vérité ultime et vérité relative):
« Le supérieur n’en est pas diminué en acceptant l’inférieur
L’inférieur participe du supérieur. »
Il y a fort à gagner à étudier la trinité AVEC un regard bouddhiste ! Certes la « trinité » contemplée par un chrétien en chemin et un mystique contemplatif sont tout autres, et de nombreuses précautions doivent êtres prises pour ne pas meurtrir la foi des théistes. Mais il semble absolument possible de parler des mêmes expériences si nous faisons « l’effort » de placer le dialogue à partir du sommet et non à partir des chemins qui y mènent. C’est me semble-t-il le challenge que devra relever le dialogue interreligieux pour raviver la compréhension profonde de chaque tradition. Chaque tradition a à gagner à étudier les autres… qui parlent tout autant de l’ultime.
C’est en partant de ce postulat de Kalou rinpoché que je participe très régulièrement à un dialogue interreligieux en région parisienne. Et il y a vraiment des merveilles à échanger… L’orgueil qui consiste à dire que les autres traditions se trompent est le signe que nous n’avons pas percé les mystères de notre propre tradition ! Mais en tant que bouddhistes nous sommes plus à même de pouvoir déceler la véracité des propos de Kalou rinpoché… si nous faisons « l’effort » de prendre la posture d’écoute qui voit la vérité en les propos de l’autre. Cela n’est possible que si nous nous plaçons nous-même au sommet de la montagne. Il n’y a donc harmonie des « apparentes divergences » uniquement au sommet de chaque des traditions. Le dialogue n’est donc possible qu’en partant du sommet. Mais puisque les voies spirituelles s’adressent aux personnes en chemin, il ne me semble pas très utile de vouloir débattre de « l’égalité contemplative » des grandes voies spirituelles. Cela risque de semer le trouble, le dialogue pourra rapidement sembler être du syncrétisme. Et, pour tout avouer, pourquoi ne pas laisser à chaque voie spirituelle sa pédagogie propre ? Laissons à chacun sa propre poésie. Cela n’empêchera pas les contemplatifs de se régaler des merveilleux textes des autres traditions… et de demeurer en la Grande Joie Rimé !
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